Un souvenir qui rend le succès de cette année encore plus savoureux car Grégoire a été accompagné vers le haut niveau avec patience par son entraîneur de toujours, David Bournizel. 

- « J’avais découvert l’athlé à dix ans, à l’éveil, mais c’était juste un loisir pour moi à l’époque. Ensuite j’ai suivi ma sœur Héloïse qui faisait du triathlon et au collège, je suis devenu vice-champion de France de run and bike et troisième en triathlon. Cela m’a donné envie de me spécialiser dans l’une des trois disciplines et comme Héloïse avait rejoint le groupe de demi-fond du GANG, je l’ai encore suivi dans le groupe de David qui s’occupe de moi depuis mes quatorze ans. » 

Grégoire ne tarit pas d’éloge sur celui qui était alors un jeune coach/athlète avec déjà beaucoup d’intuition. Il devine très vite le potentiel de l’adolescent mais refuse de forcer la nature avec des entraînements poussés. Il ne cesse de lui répéter que son tour viendra et que ceux qui le devance avec des performances extraordinaires pour des cadets seront un jour derrière lui. Pour le renforcer, il lui impose en douceur le cross qui forge le mental et l’endurance. L’été, Grégoire est spécialiste de 1500 mètres où sa longue carcasse s’exprime honorablement. Et pour lui donner rapidement le goût de la performance, le coach le fait aussi monter sur le steeple. Il a sa petite idée : « David savait qu’il était plus facile de se qualifier à un championnat de France sur le steeple qui rebute beaucoup de jeunes, qu’en demi-fond et il voulait que je découvre ce niveau alors j’ai fait du 2000 m steeple. Et pour renforcer ma vitesse, je suis aussi descendu sur 800 mètres ». 

C’est une révélation. Au fil des saisons, Grégoire s’exprime de mieux en mieux sur le double tour de piste et même sur le 400 mètre où il affirme un mental de lion à l’occasion des interclubs avec un finish de sprinteur dans le relais long. Chaque année, il descend son chrono de référence de deux secondes sur le 800 mètres et gratte des places au classement national annuel. 

En 2019, Grégoire a vingt ans et sa saison est une révélation.  

- « L’an passé, quelque chose a changé. Tout ce qu’avait dit David s’est réalisé et je me suis rendu compte que j’étais enfin capable de battre les cadors. Je ne me disais plus... celui-là t’a battu donc il va à nouveau te battre ».  À Châteauroux, dans une fournaise de 41 degrés, il termine à quelques centièmes de l’entrée en finale et décroche aussi sa première sélection aux championnats de France Élite. Grégoire a mûri et s’il garde toute confiance en son coach, il est capable aussi d’exprimer ses choix car David a une autre qualité : il a fait en sorte que son athlète soit parfaitement autonome et ne dépende pas de lui dans les grandes compétitions. 

Cet hiver, David a été encore plus finaud. Il a annoncé à Grégoire qu’il va surtout retrouver la boue des cross pour se renforcer avant l’été. Et c’est sans séance spécifique que Grégoire se présente aux championnats de France universitaires à Rennes sur 800 mètres dont il termine 4ème avant de faire du stop pour rejoindre la gare et rentrer à Noisy-le-Grand. Du coup, à l’issue de la course, il appelle son coach pour lui dire qu’il souhaite courir aux championnats de France Espoirs de Saint-Brieuc la semaine suivante. Et David acquiesce tout en le prévenant qu’il ne le préparera pas spécialement pour l’échéance.  

C’est donc un Grégoire décontracté qui s'aligne en série du 800 mètres national. Fidèle à ses habitudes, il reste tranquillement dans la maison qui accueille les trois qualifiés du club près de Saint-Brieuc et il déroule sa routine: footing près de la mer le soir en arrivant et réveil musculaire le matin de la série, entrecoupé de jeux vidéo l’après-midi. Quelques heures plus tard, dans une compétition âpre, il choisit la prudence en chassant le peloton avant de se détacher irrésistiblement à 300 mètres de l’arrivée, remontant un à un tous ses concurrents pour décrocher sa qualification avec un nouveau record personnel de 1.52.20, onzième performance française de l’année. Une joie immense pour Grégoire, très conscient que le podium se jouera de la même façon, entre huit garçons, tous capables de l’emporter. 

La seule photo de l’arrivée le lendemain à 14h30 suffit à résumer la compétition enragée qui se jouera entre les finalistes. Usant de la même stratégie, le Noiséen reste en embuscade avant de produire son effort, toujours à trois cent mètres pour remonter sur ses adversaires. À petite distance devant lui, Thierry-Orden Dagbetin (Saint-Denis Emotion) ressuscite après des années de galères pour l’emporter en 1’52’’17, nouveau record personnel, devant Alexandre Selles (EFCVO) en 1’52’’31. Un dixième plus loin (1’52’’40), Grégoire Chiquart obtient le bronze, preuve que travail, patience et détermination sont les meilleurs ingrédients pour révéler un jeune talent à son meilleur niveau. 

Du côté de Noisy-le-Grand, on suit avec attention (et un soupçon d’hystérie) sa finale, captée en direct par Jules Tuffery depuis Saint-Brieuc sur Instagram. Héloïse, David mais aussi le reste du groupe demi-fond, qui reviennent des ½ finales du championnat de France de cross laisse éclater sa joie. Grégoire devient le premier jeune du club à retrouver un podium national depuis 2015 (Coralie Noël sur 200 mètres espoir). Il obtient aussi automatiquement la sélection pour la finale des championnats de France de cross où il clôturera sa saison d’hiver avec son groupe avant de se tourner vers un été prometteur. 

Le Grégoire nouveau est arrivé, serein et fier, avec dans ses bagages une bien belle médaille.

Pour commenter une actualité il faut posséder un compte sur le site FFA, utilisez la rubrique ci-dessous pour vous identifier ou vous créer un compte.